Le Docteur Manola Souvanlasy–Abhay a commencé ses études en 1973 au Laos, autrefois appelé du nom poétique du « Royaume du Million d’Éléphants et du Parasol Blanc ». Le Laos était encore considéré comme un protectorat français. En mai 1975, suite au renversement de la Monarchie constitutionnelle par le Parti communiste laotien, le « Pathet Lao », le Docteur Manola Souvanlasy-Abhay et sa famille, le cœur brisé, furent contraints de quitter leur pays bienaimé pour demander l’asile politique en France.
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Bienvenue sur le site du Dr Manola Souvanlasy
L’accompagnement par la médecine chinoise du patient atteint par le cancer traité par la médecine occidentale, conférence du 27-28 Avril 2019 à Paris
Forte de son expérience de 34 ans de pratique médicale et de 15 ans d’enseignement de l’acupuncture à l’Université Paris XIII à Bobigny, Docteur Manola SOUVANLASY ABHAY partagera sa vision du cancer selon la médecine chinoise et selon la médecine occidentale.
La conférence abordera différents points tels que le diagnostic, les effets secondaires de la chimiothérapie, les points d’acupuncture , la diététique , la micro nutrition ou encore la pharmacopée chinoise.
La synergie entre la médecine occidentale et la médecine chinoise optimise la guérison du cancer à long terme grâce à la prévention des récidives et des métastases »
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Conférence Hermès , 11 rue de la Vistule, Paris 75013
Le programme en détails dans l'article.
L'image de soi
Intervention au cours de la table ronde organisée par l’association Bienvenue en France à l’ambassade d’Egypte.
Je voudrais témoigner sur ce thème de l’image de soi en tant que femme née à la frontière de deux cultures, en tant que réfugié politique ayant émigré du Laos vers la France, en tant que médecin ayant une double formation médicale. Quand nous parlons d’image, nous parlons inévitablement de notre image intérieure reflétée dans le miroir du regard des autres.
L’image de soi vue de l’extérieur est le plus souvent le résultat d’un conditionnement social, le fruit d’une culture ancestrale, d’une tradition, d’une éducation familiale ou d’une religion. En Asie, l’image sociale prime sur la valeur intrinsèque de la personne. L’image extérieure de soi dépend de ce que vous possédez et non pas de qui vous êtes. Il fallait « coller » à cette image sociale politiquement correcte pour être respecté et pour avoir de l’influence. Car la société asiatique est hiérarchisée selon des critères de prestige basé sur la notion d’honneur d’un nom, d’une famille pour « ne pas perdre la face ». La pyramide sociale est construite sur les préjugés et les jugements, sur l’inégalité des classes, sur la lutte d’influence pour le pouvoir. Le monde de l’image extérieure appartient au domaine de l’avoir et de l’ego.
Au cours de l’exil, la nécessité de m’intégrer à une société occidentale pour survivre et pour me reconstruire fut pour moi une source de conflit émotionnel permanent entre l’image extérieure de soi conforme à la tradition du Laos et l’image intérieure de soi, restée authentique dans la passion de se réaliser grâce aux opportunités offertes par le pays d’accueil. Il fallait s’adapter sans trahir ses racines culturelles, ni l’histoire de sa famille, ce fut un déchirement permanent entre le devoir et la passion.
Le Laos, mon pays oublié
Récit écrit au retour de ma mission humanitaire le 11 septembre 1989.
Après quinze ans d’exil en France, ce fut une intense émotion pour moi que de retrouver ma patrie, le Laos ou le Royaume du Million d’Eléphants et du Parasol Blanc. Le Laos, mon pays de paix et de tolérance a brutalement resurgi à ma mémoire après tant d’année de silence, de souffrances ignorées, victime de cette guerre oubliée qui n’était jamais la sienne, à l’image de l’Indochine déchirée par les luttes d’influence des super puissances.
A la mémoire de ma Mère et dans le souvenir de ce que fut sa vie, la mienne sera également une mission. Dans l’avion qui m’emmenait de Paris à Bangkok, j’eus le sentiment soudain de participer entièrement au destin de mon pays : « Manola, Princesse de légende et Femme Oiseau à l’origine de mon prénom, venait de mettre ses ailes pour s’envoler vers la Terre de ses Ancêtres ».
Je quittais le cœur pincé, mes petits jumeaux de cinq ans, ces petits yeux en amande, nostalgiques de voir partir leur Maman si loin pour la première fois. Je laissais derrière moi tous les soucis de la gestion d’un cabinet médical pour vivre la plus extraordinaire aventure humaine de mon existence.
Que signifie avoir cinquante ans aujourd'hui ?
CINQUANTE ANS, un demi- siècle déjà ! C’est l’âge de la maturité où nous ne sommes plus très jeunes, mais pas encore tout à fait vieux ! Nous sommes arrivés au point culminant de la courbe de la vie où nous acceptons enfin de poser les bagages pour faire le bilan de notre vie « Qu’ai- je déjà accompli durant ces cinquante années ? Est-ce que ma vie a un sens ? Quel sens ai-je donné à ma vie ? Durant les années qui me restent encore à vivre, quelle mission me reste-il à achever pour continuer à leur donner un sens ? »
Les événements politiques survenus au Laos en 1975 nous ont poussés à l’exil en France. Terre d’asile, de tradition humaniste et humanitaire, la France nous a donné une seconde chance de reconstruire notre vie ici, c’est à dire de trouver du travail, de construire une famille, d’atteindre une position professionnelle et sociale correcte, d’acquérir un patrimoine, d’assurer l’avenir de nos enfants. Mais nous n’avons sûrement pas oublié l’Histoire de notre pays ni nos racines culturelles laotiennes qui ont modelé la cohésion de notre diaspora exilée en France.
Lettre d'Amour à ma mère
Ecrit à Muong Khong, province de Sithandone Laos, mai 2004
Par ce joli mois de mai, le long du bord du Mékong et sous les lueurs chatoyantes du crépuscule, je suis assise là, sous les flamboyants en fleur, éclatant dans leur robe rouge orange, et je pense à toi Maman. Tu m’as quittée il y a 18 ans par une nuit glaciale d’un mois d’avril en France et tes cendres reposent sur une Terre qui n’est pas la nôtre. Ce jour-là, ma vie toute entière s’est écroulée, mes convictions se sont effondrées, mes certitudes sont devenues des doutes. Durant ces longues années, j’ai porté le deuil au plus profond de mon cœur, révoltée par cette mort injuste qui t’a arrachée à moi. J‘ai alors cherché à comprendre pourquoi j’ai tant souffert de t’avoir trop aimée, Maman.
Je voudrais partager avec toi le chemin spirituel qui m’a permis de délivrer mon âme de la souffrance. Ce fut d’abord le reniement total de la vérité incontournable que la mort fait partie de la vie. J’ai refusé cette vérité par une fuite en avant effrénée comme un cheval fou de douleur lancé au galop. Je me suis investie à fond dans une hyperactivité sociale et professionnelle, dans un engagement humanitaire dont je ne me serais jamais crue capable auparavant. Le chagrin m’a donné les ailes du désespoir, il me fallait à tout prix combler cet immense cratère volcanique creusé dans le chagrin de ton absence. Puis je devins prisonnière des nombreuses responsabilités que j’ai accepté d’endosser pour rester digne de porter ton héritage, pour réparer ton absence, pour te ressembler Maman, pour perpétuer ta mémoire au sein de la communauté laotienne exilée en France. J’étais devenue une petite souris qui ne pouvait plus s’arrêter de faire tourner sa roue dans sa cage, jusqu’au bout de l’épuisement physique et moral. Combler l’insondable gouffre affectif que fut mon chagrin était devenu une priorité existentielle pour moi durant cette période de ma vie.
Manométa
Poème écrit après la naissance de Manométa, avril 1990
Mon cœur de compassion, ce nom s’inscrit dans ta destinée comme une mission. Tu es arrivée par une belle journée d’avril, quand les prunus en fleurs et les mimosas gorgés de sève éclatant de vitalité, loin, très loin de la terre de nos ancêtres, le Laos de la sérénité éternelle, ce pays brodé de lumières. Tu portes en toi le souvenir de Sithandone, « la Province des Quatre Mille Iles », où le Mékong indompté, tumultueux tombe en cascades grandioses, où le parfum des rizières se mêle aux lueurs chatoyantes du crépuscule. Tu descends d’une famille élevée dans la tradition de l’amour du pays et de morale bouddhiste.
Enfant chérie, désirée, tu as cicatrisé les blessures d’une souffrance enfouie. Tu es le symbole de la Réincarnation de la vie après la mort, la mort injuste d’une mère admirée, adorée, dont la vie fut à la fois un exemple et une leçon de courage, de sagesse et de sacrifice, à l’image de la fleur de lotus émergeant de la boue pour s’ouvrir à la lumière.
L'amour, force de vie
Dans ce monde de violence et de pouvoir, de domination et de destruction, il existe encore une force de vie qui s'appelle l'Amour. L'amour est un sentiment authentique qui jaillit de votre cœur comme l'eau pure cristalline d'une fontaine de jouvence. Il peut vous surprendre à tout âge, à tout moment de votre vie. Alors que vous avez abandonné l'espoir qu'une chose si belle puisse encore exister sur cette terre, l'amour illumine soudain votre quotidien monotone, morose, routinier, prisonnier des contraintes et des frustrations de la vie moderne. Comme un volcan de feu et de flamme, il fait soudain irruption dans votre âme, au détour d'un regard pétillant comme les bulles de champagne, d'une fossette au coin d'un sourire charmant et charmeur, d'une voix apaisante douce et chaude: C'est le coup de foudre. Deux êtres sont irrésistiblement attirés l'un vers l'autre comme deux planètes magnétiques, deux âmes qui se sont reconnues dans le miroir l'un de l'autre, le miroir de leurs rêves ou de leurs souffrances. Il s'agit là d'une rencontre karmique entre deux êtres que tout sépare mais qui se sont reconnus parce qu'ils se sont connus depuis une vie antérieure. Une rencontre magique qui soudain donne un sens à votre vie. Tomber amoureux est un don divin.
Quand l'amour devient une passion, il dévore votre pensée et votre énergie. Le visage de l'être aimé obsède votre esprit, la séparation et l'attente deviennent insupportables, le silence est lourd à porter. Vous projetez sur cet être absent et inaccessible vos rêves d’espace et de liberté, vos attentes, vos espoirs. A travers lui vous rêvez votre vie et vous faites vivre vos rêves. Il représente votre idéal qui est amplifié par votre admiration et votre imagination sans limites.
Je pense à toi, maman
Poésie parue dans le journal « SIENG SITHANDONE SAMPHANH », 24 Mars 1989
Arbre Le flamboyant, peint par Marc Leguay.
Je pense à toi, à la fois si lointaine et si proche,
Toi, si rayonnante de générosité et d’amour,
Toi, si patiente toujours à l’écoute de la souffrance des autres.
Sans toi, je suis comme une fleur sans soleil,
Sans toi, je suis comme un oiseau blessé,
Qui cherche à cicatriser ses blessures.
La souffrance de notre séparation m’a aidée à grandir,
Mais j’ai mal, et j’étouffe de tant de solitude, Maman.