Poème méditation : C’est comme un arc-en-ciel
Ecrit par le Lama Guendune
Le bonheur ne se trouve pas avec beaucoup d’effort et de volonté, mais réside là, tout près, dans la détente et l’abandon. Ne t’inquiète pas, il n’y a rien à faire. Tout ce qui s’élève dans l’esprit n’a aucune importance, parce que n’a aucune réalité.
Ne t’y attache pas. Ne juge pas. Laisse le jeu se faire tout seul, s’élever et retomber, sans rien changer, et tout s’évanouit, et recommence à nouveau, sans cesse. Seule cette recherche du bonheur nous empêche de le voir.
C’est comme un arc-en-ciel que l’on poursuit sans jamais le rattraper. Parce qu’il n’existe pas, et a toujours été là, et t’accompagne à chaque instant. Ne crois pas à la réalité des expériences bonnes ou mauvaises, elles sont comme des arc- en-ciel.
A vouloir saisir l’insaisissable, on s’épuise en vain. Dès lors qu’on relâche cette saisie, l’espace est là, ouvert, hospitalier et confortable. Alors profites- en. Tout est à toi, déjà. Ne cherche plus. Ne va plus chercher dans la jungle inextricable. L’éléphant est tranquillement assis à la maison. Rien à faire. Rien à forcer. Rien à vouloir. Et tout se fait tout seul.
Réflexions philosophiques : Avoir et Etre
La civilisation occidentale est une culture de l’action, c’est l’objectif qui donne un sens à la vie, la vie est centrée autour du travail, réussite matérielle, position sociale. Le but de la vie est d’atteindre des objectifs, chaque étape de la vie est marquée par des réalisations pour aller toujours plus loin, plus haut, plus grand. La satisfaction de la vie est basée sur la compétition, la concurrence, la conquête, la performance, la réussite, la perfection. Le but de la vie est d’avoir, de posséder. « Quand on a, on est », ce concept occidental laisse une très grande place à l’individu et à sa capacité de maitriser son destin. C’est un modèle linéaire qui prône la culture de l’avoir.
La civilisation orientale est fondée sur « le modèle d’être », ce modèle circulaire sans commencement ni fin est en changement permanent. Pour l’individu, le sens de la vie n’est plus le but mais le voyage de la vie elle- même. Ce qui compte c’est d’être en chemin et non d’arriver à destination, la concurrence n’existe pas, il n’y a pas de jugement. C’est un modèle d’acceptation de soi et des autres qui vous permet d’atteindre la paix et l’équilibre de la force intérieure. « Quand on est, on a »
A la mémoire de notre Grand–Père
La vie est fragile, à l’image de la rosée délicatement suspendue aux herbes en gouttelettes de cristal qu’emporte la première brise du matin le 8 Juillet 2005. La bougie de ta vie s’est éteinte doucement, lentement, sans déranger personne. Tu es parti comme tu as vécu, paisiblement.
Opposé à l’acharnement thérapeutique, tu ne voulais plus t’accrocher à la vie à tout prix, à n’importe quel prix, au prix de la dépendance et du handicap. Au contraire, tu aspirais et tu te préparais à mourir en paix entouré de l’Amour des tiens .Tu avais atteint l’évolution spirituelle d’un Sage Bouddhiste qui considère que la vie et la mort ne sont que des changements d’états énergétiques, intimement entremêlés dans le cycle perpétuel du Samsara.
Ta santé fragile t’a appris à te préserver des excès, à accepter avec humilité l’impermanence des choses de la vie, à te détacher des futilités. Tu préférais écouter plutôt que parler, ressentir les émotions plutôt que de les exprimer, car tu étais ce sage au grand cœur, pudique, réservé qui ne voulait ni déranger, ni faire de mal, qui aimait les autres au-delà de lui-même. L’amour inconditionnel et fusionnel de notre Grand–Mère Boun Gnong t’a vénéré, soutenu, porté, protégé jusqu’à ton dernier soupir. Son intelligence intuitive était ton meilleur médecin. Dans le silence de la vérité de son cœur aimant et chaleureux, elle a su détecter tous les dangers qui menaçaient ta santé. Je pense qu’elle a beaucoup contribué à ta longévité exceptionnelle malgré ta santé au départ si fragile.
A la mémoire de notre Grand-Mère
Au nom de toute notre famille, je tiens de cœur à donner un dernier hommage à la mémoire de notre Grand-Mère adorée, Boun Nhong Souvanlasy-Abhay.
Par une froide matinée du 28 mars 2013, alors que l’hiver rigoureux tardait à se retirer, les bourgeons des arbres timidement avaient peine à éclore …Et la bougie de la vie de notre Grand-Mère s’est éteinte à l’âge de 89 ans dans la paix, sans souffrance, après le long au revoir qui était sa maladie d’ALZHEIMER. L’assombrissement puis l’effritement de sa mémoire a duré les trois dernières années de sa vie. Une mort sans regret, ni remords, après une vie accomplie dans tous les domaines et dans tous les sens du terme.
Grand-Mère était la fille ainée de son Excellence Kou Abhay, Prince gouverneur de l’ile de Không et conseiller politique du Roi Sri Savang Vathana. Orpheline très jeune de sa mère Nang Khamphiou Sananikone, elle était aimée et protégée par son Père, qu’elle vénérait comme son dieu vivant. Entre le père et sa fille, il y avait un amour quasi fusionnel, construit sur la compensation réciproque de l’absence de la femme et de la mère aimée.